Être en état de survie, c’est vivre avec la perception -consciente ou non- d’une menace, dans un sentiment d’insécurité.
C’est passer ses journées en état d’alerte, presque à côté de soi-même, se débattant entre fatigue et poussées d’adrénaline.
Ça peut aussi vouloir dire tenir bon, mais le soir venu, se demander comment on a réussi à avoir cette conversation en gardant le sourire, tenu le coup au travail, préparé à manger, pris soin des enfants, tant la tension et le choc intérieur étaient intenses.
Ça peut rimer avec déconnexion totale de soi, de son corps, des autres, de ses ressentis, de ses envies. Abattement, effondrement, sentiment de vide.
Cet état peut durer un temps court avant de se réguler, ou devenir chronique.
Il peut pour des semaines, des mois, des années, nous emmener bien loin des journées les plus heureuses de l’existence. Vous savez ? Celles dont chaque seconde est un délice, celles où l’on se sent en connexion avec un paysage, présent-e aux autres en fluidité, absorbé-e par une activité qui nourrit le coeur.
Le mode survie est là pour vous protéger
Le mode survie s’enclenche pour nous protéger, quand nous vivons quelque chose auquel nous ne pouvons faire face. Un traumatisme, une blessure physique ou affective, brutale ou répétée.
Ce mécanisme vous conduit à vous couper d’une partie de vous-même et de son vécu émotionnel, et de l’envoyer se promener le plus loin possible (la distance étant à la mesure de l’intensité de ce qu’elle ressent, et de la résistance que vous opposez à être en contact avec cette émotion).
Pour faire simple, voici quelques caractéristiques des modes VIE et SURVIE
Dans le mode survie :
- on compense ou on s’adapte
- on dépense beaucoup d’énergie, et parfois on en manque cruellement
- on se bat, on fuit, on se fige
- on est avec l’autre sur un mode séduction protection attaque
- on vit les émotions sur le mode de la réactivité, ou on en est coupé-e
- on s’accroche au faire ou au paraître parce qu’on a une impression chronique qu’il nous manque quelque chose
Entre la naissance et la mort, fort heureusement, nous connaissons aussi un état plus épanouissant. Plus plein qu’un petit plaisir passager, le mode « vie » peut durer des jours, des années, naître d’un cheminement thérapeutique, ou encore se révéler au fur et à mesure que vient la maturité.
Dans le mode vie :
- on se sent plein-e et complèt-e
- on est en contact avec notre vitalité, mais le mode vie ne coûte pas d’énergie
- on circule librement entre l’être, le jeu, le repos, la créativité
- le « faire » part de l’être et pas d’un manque à combler
- on est avec l’autre sur un mode communiquant et assertif, distinct et proche à la fois
- on perçoit les ressentis avec sensibilité, sans qu’ils ne nous emportent
Pas de dichotomie, pas de jugement dans cette distinction entre le mode « survie » et le mode « vie » !
Il ne s’agit pas non plus d’un outil de classement des personnes : ces modes ne nous sont pas attribués à la naissance comme une étiquette, donc rien n’est figé.
Bien sûr, certains individus ont plus de résilience que d’autres peut-être, plus de facilité à revenir à la vie après un choc. On peut passer de l’un à l’autre -et heureusement !
Connaître ces 2 modes m’aide à me repérer quand je bascule. Et puis à faire des choix qui me réorientent vers l’état où je me sens le plus à l’aise. Parce qu’après tout, la vie se cultive !
7 façons de s’affranchir du mode survie et de cultiver le mode vie
Ce qui est sûr, c’est que se dire « calme-toi! » ou au contraire « allez bouge-toi maintenant », « il est temps de passer à autre chose » ne fera que renforcer votre auto-critique et la pression que vous vous mettez. Donc évitons ce type de discours intérieur. Ce qui vous aidera véritablement à changer d’état, c’est :
- Bien connaître vos besoins. Valider leur importance vitale !
- Repérer les limites qui, quand elles sont enfreintes, vous font basculer dans l’activation, la réactivité. Apprendre à les (faire) respecter.
- Identifier et nommer (éventuellement à haute voix) dans quel état vous vous sentez. Cela peut inclure les émotions et les sensations corporelles.
- Aller dans un lieu ressource (en réalité ou dans l’imaginaire). Dans ce lieu, vous vous sentez en sécurité. Toutes les conditions sont réunies pour suspendre les mécanismes de lutte/fuite/figement du système nerveux.
- Vous réconcilier avec votre singularité (pour ne plus être en lutte contre vos modes de fonctionnement)
- Vous créer régulièrement un espace-temps dans lequel vous allez pouvoir « traiter » le trop-plein sil y en a, digérer vos émotions, évacuer l’adrénaline et le cortisol (hormones de stress), évacuer sainement la colère. Est-ce que c’est aller en nature, bouger, méditer, cuisiner, écrire ?
- Si vous y arrivez difficilement seul-e, trouver une oreille non-jugeante pour vous aider à y voir clair.
À vous :
En quoi ces repères vous éclairent sur vous-même ?
Quel mode est le plus familier pour vous ?
Quel mode avez-vous envie d’explorer ?
Avez-vous déjà repéré comment vous basculez dans le mode survie ?
Quel petit pas pouvez-vous prendre pour cultiver le mode qui vous fait vibrer ?
Dites-moi en commentaire !
Bonjour, pourriez-vous me conseiller un livre sur ce sujet?
Bonjour Marie, à vrai dire il y en a plusieurs! À commencer par les ouvrages de Thierry Tournebise, ou encore celui de Peter Levine Réveiller le Tigre, ou de Deb Dana Ancré : Comment vous lier d’amitié avec votre système nerveux grâce à la théorie polyvagale , selon ce qui fait le plus écho pour vous.