Nous, humain-es, sommes physiquement câblé-es pour ressentir toute la palette des émotions. Celles qui sont agréables, comme celles qui sont inconfortables.
Notre système nerveux est programmé pour les ressentir.
Et pourtant : combien de choses évite-t-on de faire, par crainte de l’émotion qui va se déclencher ?
Par crainte de ne pas pouvoir traverser ce sentiment-là.
Ça vous est déjà arrivé par exemple, de ne pas candidater à un poste qui vous tentait, par peur du rejet ?
D’hésiter à venir en aide à un-e touriste qui manifestement cherchait son chemin, par peur d’être mal à l’aise ?
Ou même, de résister à tomber amoureux-se, par peur d’avoir le cœur brisé ensuite ?
Il faut dire, enfant, on nous apprend à cacher et maîtriser certaines émotions. A garder notre sang-froid, à se montrer fort-e, sage.
Enfant, on a souvent eu en face, des adultes qui, au lieu de nous aider à AGRANDIR notre capacité à traverser les affects, au lieu de remplir une fonction de régulation, ont eu tendance à :
- minimiser ce que l’enfant éprouve (on t’a piqué ton jouet, c’est pas grave, tiens prends celui-là)
- rabaisser l’enfant trop expressif de ses émotions
- valoriser les attitudes « sages »
- autoriser certaines émotions selon le genre : colère autorisée chez le garçon, mais interdite chez la fille
En conséquence, seul-es et démuni-es avec nos émotions, nous apprenons qu’elles sont dangereuses et faisons de notre mieux pour les gérer.
Et cela a un coût, à moyen long terme, du fait de tout ce qu’on met en place pour les éviter :
- fuir dans toutes les formes de plaisirs immédiats, potentiellement addictifs (nourriture, alcool, substances illicites, scrolling, séries, …)
- s’anesthésier au point ne plus ressentir non plus les émotions ressourçantes comme la joie, et perdre le goût de la vie
- rester à l’abri et éviter toute prise de risque, toute situation stimulante… au point de ne plus pouvoir oser avancer vers un objectif qui nous fait envie.
Bien sûr, il y a une excellente raison pour laquelle on fuit ses émotions.
Le processus est involontaire, chaque système gère comme il peut.
Pas de honte si vous êtes dans ce cas.
Mais avant d’aller plus loin, imaginez ne serait-ce qu’un tout petit instant :
Si vous ne redoutiez plus ce que vous allez ressentir :
à quelles expériences vous ouvririez-vous ?
qui seriez-vous ?
qu’oseriez-vous faire ?
que pourriez-vous recevoir ?
[voilà un exercice pour votre cahier d’écriture !]
Les émotions ne sont pas dangereuses en soi (je le redis, on est câblé-es pour les traiter).
Ce qui ne veut PAS dire d’ouvrir les vannes d’un seul coup.
Par contre, réunir quelques conditions avant de se lancer dans l’aventure, OUI !
3 conditions pour qu’une émotion ne soit pas menaçante
- qu’elle ne soit pas intense au point de nous faire sortir de notre fenêtre de tolérance
- qu’on ait la capacité de se réguler, donc de revenir dans l’espace où on éprouve plus de « neutralité ».
- ou, qu’on ait près de nous une personne qui nous aide à revenir à la régulation parce qu’elle est elle-même bien régulée (et pas parce qu’elle nous dit de nous calmer!)
Pour s’ouvrir à ressentir plus, il faudra y aller par petites touches.
Comme on teste la température de l’océan du bout de l’orteil,
et ressort,
et y retourne jusqu’à la cheville
puis au mollet,
avant d’y plonger -peut-être- tout entier-e
Par petites touches, se rassurer que c’est pas dangereux de se reconnecter aux sensations.
Et augmenter la capacité à sentir.
Observer la façon singulière qu’a chaque émotion de se montrer dans le corps (un poids dans l’estomac ici, une gorge nouée là, des mains qui chauffent).
La regarder se déplacer à l’intérieur.
La nommer.
De plus en plus, prendre confiance qu’on pourra traverser l’inconfort.
De plus en plus, savourer tous les bénéfices de journées où la sensibilité a sa place :
Plus de moments de joie, de sécurité intérieure, de connexion, d’émerveillement, de douceur, d’entrain et de fierté.
L’accès à plus d’intuition, qui aide à orienter nos choix.
L’ouverture à la prise de risques dosés, qui nous mettent en mouvement vers nos rêves, nos objectifs, et nous aident à les faire réalité.
==> À vous : que feriez-vous si vous aviez les ressources intérieures pour traverser toute émotion qui se présente ?