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Quand les réflexes primitifs entravent le développement

Les réflexes primitifs (ou archaïques) sont ces mouvements automatiques qui obéissent à la règle stimulus –> réaction. Quand le réflexe est en jeu, le système nerveux donne toujours la même réponse automatique et stéréotypée à une stimulation.

Dans le cas où les réflexes primitifs ne sont pas développés ou pas intégrés, le corps fait comme il peut. L’organisme crée souvent des compensations pour contrôler ce qui l’agite de l’intérieur. Dépasser ces difficultés par la seule force de la raison ou de la volonté est peine perdue. Voilà pourquoi (se) dire « tiens-toi droit » marche 10 secondes, puis s’évapore : les automatismes réflexes ont toujours le dessus et nous sapent notre énergie.

 

Des réflexes primitifs inactifs ou rémanents peuvent avoir des impacts les sphères motrice, émotionnelle, cognitive.

Vous savez déjà tout du cycle de vie « idéal » du réflexe archaïque (parce que vous avez lu cet article!). Après un temps d’activité et de maturation, celui-ci est censé disparaître. Prendre un congé à durée indéterminée tout du moins, car il reste prêt à resurgir en cas de danger. Quand il se repose, il laisse les manettes aux réflexes posturaux et aux mouvements autonomes.

Les réflexes posturaux, comme leur nom l’indique, jouent un rôle dans la posture, la verticalité, l’équilibration. Ils perdurent toute la vie. Grâce à eux, vous pouvez écrire des textos debout dans le bus, et penser à votre message pendant que vos réflexes posturaux vous font tenir debout et accompagnent les coups de frein et les virages.

Les mouvements autonomes et volontaires sont contrôlés par les étages supérieurs du cerveau. Le cortex préfrontal notamment. En gros, on fait enfin ce qu’on veut et comme on le veut : la cuisine, le piano, la danse classique, le tir à l’arc, le poney…

Problème : la vie idéale, ça n’existe pas. En chacun de nous, à des degrés divers, il y a des réflexes qui ne se comportent pas tout à fait comme on aimerait. Sans devenir paranoïaque, 1001 circonstances peuvent perturber la vie des réflexes. Plus elles interviennent tôt dans la vie, c’est-à-dire, sur un corps vulnérable et un système nerveux immature, plus elles auront d’impact sur le développement ultérieur. Stress durant la grossesse, crainte d’un accouchement prématuré, naissance difficile et/ou par césarienne, long séjour en couveuse, manque de mouvement libre au sol, maladie ou handicap, font partie de ce malheureux palmarès.

Quelles conséquences sur le développement de l’enfant ou sur la vie de l’adulte ?

Premier cas de figure : le réflexe primitif n’émerge pas.

Si le réflexe ne s’est pas réveillé, il créera un manque dans le répertoire de mouvement.

Par exemple, les réflexes archaïques d’agrippement (ou grasping) des mains soient faibles chez le bébé. Comme ils sont la toute première étape de la préhension, ils vont nuire à sa bonne acquisition.

Et comme une bonne préhension est indispensable aux facultés de motricité fine, l’enfant se retrouvera quelques années plus tard, bien en peine pour tenir un crayon, pour écrire, pour faire ses lacets.

Second cas de figure : il reste trop longtemps actif.

Une fois le réflexe activé, tant que sa mission n’est pas accomplie, celui-ci (dans sa belle intention d’enseignant du geste) reste actif et se déclenche de façon inopinée.

C’est là que ça devient embêtant. Car dès que l’étiquette du pull chatouille le dos de l’enfant, ou qu’il effleure le dos de sa chaise, le réflexe de Galant s’active. Résultat : il se tortille en permanence sur son siège, il n’arrive pas à se concentrer. Non, il ne le fait pas exprès. Ce Galant peut même avoir des effets secondaires comme le pipi au lit. Vous ne voyez pas d’emblée le rapport ? Tant que cette région lombaire / abdominale est sous l’emprise de réponses automatiques, elle n’est pas complètement consciente et maîtrisée. Eh oui !

Des réflexes primitifs non développés ou non intégrés (persistants) auront donc des impacts sur la posture, les coordinations, les sphères émotionnelle, cognitive, affective.

Quelquefois, à la suite d’un choc émotionnel ou d’un accident -AVC par exemple-, l’intégration se perd et un ou des réflexes primitifs se réactivent. Souvenez-vous, c’est leur job de nous protéger et de garantir notre survie. Il peut alors être nécessaire de reprendre le processus d’intégration.

Heureusement, c’est possible ! L’idéal est que ce processus se fasse tout seul durant la petite enfance. Ceci dit rien n’est figé pour autant, grâce à l’appétit qu’ont le corps et cerveau d’apprendre à tout âge. Découvrez comment !

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Cet article a 4 commentaires

  1. tahouri

    merci pour vos explications, j ai un enfant de 2 ans et 8 mois ainsi qu une fille de 11 mois
    je souhaiterais avoir plus de recommandation
    cordialement
    m Tahouri

    1. Bonjour,
      Pour les aider à intégrer leurs réflexes, un maître mot : leur permettre de bouger, le plus possible et le plus librement possible. En plein air si possible surtout pour votre enfant de 2 ans 8m. N’hésitez pas à voir cet article : https://emelineseyer.fr/comment-integrer-reflexes/.
      A 11 mois, votre fille est sûrement au moment charnière entre le 4 pattes et la marche : surtout ne pas la mettre debout, ne pas la faire marcher, la laisser trouver cela par ses propres efforts. Ca lui permettra de trouver un équilibre beaucoup plus sûr. Un article sur les vertus du 4 pattes ici.
      Vous me direz comment ça se passe ?

  2. Charlotte

    Bonjour. Je suis kiné spécialisée en Pédiatrie et donc habituée de tous ces concepts etc… Mais avec mon fils de 5 mois et demi, difficile d’appliquer tous les principes de base car le RGO et un moro qui a l’air assez actif ont l’air de bien le déranger pendant le sommeil qui est très très difficile.
    La seule solution que nous ayons trouvé pour le moment et qui a l’air de fonctionner est l’emmaillotage. Son sommeil et totalement différent avec et sans.
    Je me questionne sur les possibilités que cet emmaillotage soit plus néfaste que bon pour lui a son âge avec une possibilité de l’empêcher d’intégrer son reflexe ? Et à quel âge faut il arrêter si non ? (j’avais vu 3 mois, mais chez nous, échec à chaque sevrage).

    Merci beaucoup poir votre réponse.
    Je suis aussi intéressée pour échanger avec vous dans le cadre de mon activité professionnelle. Je ne connaissais pas cette methide qui pourrait être un xilple2tres intéressant à certaines de mes prises en charge.

    Merci à vous.

    1. Le sujet du Moro est vaste et devrait faire l’objet d’un article à lui seul ! Il existe plusieurs principes à mettre en place pour soutenir son intégration… et qui peuvent se faire durant le temps d’éveil. Notamment la façon de positionner le bébé et de le faire passer d’une position à l’autre. Les bercements et mouvements passifs. A-t-il des temps de mouvement libre au sol en journée, sur le ventre, sur le dos, sur le côté ?
      L’emmaillotage, comme le portage en écharpe, contiennent le sursaut et rassurent. A mon sens il n’y pas à s’en priver mais à rester à l’écoute de quand ça devient une contrainte désagréable pour votre bébé…

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